Fiche de médiation C’est mon arbre

Cette fiche présente des pistes de médiation variées pour exploiter l’album C’est Mon Arbre avec tous les enfants. Elle s’adresse à différents publics, amateurs et professionnels, parents, enseignants, animateurs, professionnels du champ du handicap et de la jeunesse, etc.

Sommaire

  1. Sensibilisation à la déficience visuelle
  2. La spatialité
  3. La notion de propriété, de possession
  4. L’illustration tactile
  5. La découverte du monde

 

SENSIBILISATION À LA DÉFICIENCE VISUELLE

Ce livre est une œuvre originale d’Olivier Tallec, parue aux éditions L’école des loisirs en 2019, et adaptée par Les Doigts qui Rêvent en 2021.

Cet album permet d’aborder la notion de déficience visuelle (cécité et malvoyance) qui a pour incidence de rendre inaccessibles le texte et les illustrations imprimées (lisibilité et compréhension). Il permet aussi de découvrir le braille.

Comparer l’album adapté avec l’original

Les deux albums peuvent être présentés l’un à côté de l’autre, pour les comparer.

  • Quelles sont les différences entre les illustrations tactiles de l’album adapté et les illustrations imprimées de l’album original ? Les illustrations tactiles sont manipulables, ce qui facilite leur compréhension.
  • Quelles sont les différences dans le texte et la mise en page ? Pour qu’il soit facile à lire pour tout le monde, le texte est imprimé en gros caractères et en Braille. 

Découvrir le Braille

  • La résine colorée en orange permet d’attirer l’attention et la curiosité de l’enfant voyant sur l’écriture Braille. Les petits points colorés et en relief sont ludiques et amènent l’enfant à se questionner : à quoi cela peut-il bien servir ?

    Avant d’expliquer à l’enfant ce qu’est le braille, laissez-le émettre des hypothèses sur la fonction des petits points orange. Guidez-le avec des questions, par exemple : « À ton avis, ont-ils un rapport avec le texte ? », « Pourquoi sont-ils en relief ? », « Est-ce que tu arrives à les sentir en fermant les yeux ? », etc.

  • Avec des enfants de deuxième trimestre de CP et plus, il est possible d’approfondir la découverte du Braille, avec une tablette braille et un alphabet en braille comprenant le sens de lecture et le sens d’écriture. Vous pouvez mener des ateliers d’écriture, en transcrivant en braille un mot ou une petite phrase ! En cachant le texte noir, amusez-vous aussi décoder des mots et des phrases en braille.

  • Pour aller plus loin, le livret d’activité Yes, you canne… apprendre le braille ! comprend de nombreux jeux évolutifs autour de l’écriture braille !

 

LA SPATIALITÉ

Les murs en pop-up

Les 3 murs en Pop-up permettent d’expérimenter physiquement les propriétés d’un objet en volume dans l’espace.

Pour aller plus loin, utilisez le matériel dont vous disposez pour construire un mur dans l’espace (par exemple empiler des cartons). Inviter l’enfant à modifier la construction pour symboliser chaque propriété du mur, illustrée dans l’album : long/haut/solide… et l’expérimenter physiquement.

  • Relier une propriété de l’objet à une conséquence physique.
    Un mur long = on ne peut pas en faire le tour ; un mur solide = on ne peut pas le faire tomber ; un mur haut = on ne peut pas l’escalader ; plusieurs murs peuvent former un angle = je suis enfermé dans un espace clos, mes déplacements sont limités.

  • Relier l’objet à des conséquences spatiales.
    Un mur se dresse verticalement pour séparer l’espace en deux : on a un espace devant et un espace derrière. Cette séparation s’expérimente physiquement (l’espace se trouvant derrière le mur est inaccessible) et visuellement (l’espace se trouvant derrière le mur devient invisible).
    Remarquer que l’objet vertical dans l’espace possède une ombre.

Les animaux de dos

Dans cet album tactile illustré, les animaux sont représentés par leur queue qui constitue leur attribut principal (un pompon pour le lapin, une queue touffue pour l’écureuil, un cordon pour la souris et une plume pour l’oiseau).

  • Avec l’enfant, identifier les 4 animaux qui sont représentés. Interroger l’enfant sur les indices sensoriels qui lui ont permis de reconnaître l’animal.
  • Associer les 4 illustrations tactiles avec une représentation complète en 3D de l’animal, par exemple une peluche ou un objet miniature. Proposer à l’enfant de positionner puis d’explorer tactilement la peluche de dos, puis de face, puis de profil. Quelles sont les différences que l’on perçoit dans l’exploration de ce même objet sous 3 angles différents ?
  • Avec l’enfant, amusez-vous à représenter d’autres animaux de cette manière, en collant des matières variées sur une feuille de papier cartonné. Quelle queue allez-vous choisir ? Vous pouvez vous inspirer de l’album « Bébé Lézard, bébé bizarre » qui présente également les animaux avec leur queue. 

L’ombre de l’arbre

Dans cet album tactile illustré, l’ombre de l’arbre est évoquée dans l’histoire et représentée par un léger vernis sous l’arbre. C’est l’occasion d’aborder avec l’enfant, et en particulier avec l’enfant déficient visuel, le phénomène d’ombre qui n’est pas perceptible au toucher. 

  • Un jour ensoleillé, accompagner l’enfant près d’un arbre d’abord au soleil, puis à l’ombre de l’arbre. L’enfant peut toucher le bitume chaud au soleil et tiède/froid à l’ombre. L’inviter à mettre des mots sur ses perceptions sensorielles : fait-il plus chaud ou plus froid à l’ombre ?
  • Proposer à l’enfant de se déplacer seul autour de l’arbre en essayant de s’arrêter lorsque son corps se trouve dans l’ombre de l’arbre. Avec un enfant voyant, l’exercice peut être fait d’abord les yeux ouverts, puis les yeux fermés.
  • Profiter de la découverte de l’ombre pour parler des dangers du soleil : “lorsque ton ombre est plus petite que toi, attention, danger, ne reste pas au soleil. Lorsque ton ombre est plus grande que toi, alors tu peux de nouveau aller au soleil”.

Pour aller plus loin sur la notion d’ombre, vous pouvez lire à l’enfant l’album tactile illustré « Ombre ».

 

LA NOTION DE PROPRIÉTÉ, DE POSSESSION

Dans cette histoire, l’écureuil ne cesse de répéter que c’est SON arbre et que ce sont SES pommes de pin !

Pour travailler sur la notion de propriété, vous pouvez réaliser un jeu simple de théâtralisation :

  1. Commencer par lire le texte en accentuant tous les mots écrits en lettres capitales dans le texte noir (MON, SON, SES, MES, etc). Avant de révéler la dernière page, questionner l’enfant sur ce qui pourrait se trouver derrière le mur. L’inviter à formuler une hypothèse en reprenant la structure du livre : « Derrière le mur, peut-être qu’il y a… ». Prendre le temps d’échanger sur la chute du livre : alors qu’est-ce qu’il y a derrière le mur ? Qu’est-ce que l’écureuil va faire après ?
  2. Puis, munissez-vous d’un accessoire représentant une pomme de pin et déclamez : « C’est MA pomme de pin, j’aime MA pomme de pin, j’adore MA pomme de pin, ce n’est pas TA pomme de pin, c’est MA pomme de pin ! »
  3. Enfin, proposer à l’enfant de faire la même chose avec un de ses propres objets (par exemple : « c’est MA trousse », etc.). Vous pouvez ensuite interroger une autre personne : « c’est TA trousse ? Non, c’est SA trousse ».
  4. Avec un groupe de plusieurs enfants, vous pouvez rassembler des objets appartenant aux différents enfants participants et leur demander de retrouver à qui appartient chaque objet. L’enfant volontaire choisit un objet et le donne à son propriétaire en disant « C’est SA trousse ». L’élève désigné confirme : « Oui c’est MA trousse ». S’il ne se trompe pas, il continue, sinon un autre enfant prend sa place pour tenter de rendre chaque objet à son propriétaire.

 

L’ILLUSTRATION TACTILE

Certains éléments de l’histoire sont illustrés sous plusieurs formes dans cet album tactile. C’est le cas de l’arbre par exemple : de la page 1 à 12 est illustré seulement le bas de l’arbre de l’écureuil, puis de la page 15 à 19 est illustré l’arbre de l’écureuil dans sa totalité, puis à la page 23 on trouve l’arbre imaginé par l’écureuil dans une forme fantaisiste, et enfin sur la dernière page les arbres sont représentés sous une forme symbolique. 

  • Inviter l’enfant à représenter un arbre sous la forme de son choix, en collant des matières variées sur une feuille de papier cartonné :
    – « vue du dessous » avec un tronc rugueux et des branches,
    – Dans sa totalité avec un tronc rugueux, des branches et un feuillage,
    – Sous forme fantaisiste en imaginant une forme loufoque,
    – Sous forme symbolique avec uniquement des formes simples géométriques.

 

LA DÉCOUVERTE DU MONDE

Pour les enfants déficients visuels, il est important de leur donner à toucher des objets en rapport avec la narration : lorsque c’est possible des objets réels ou à défaut des objets miniatures, ou dont les sensations sont le plus représentatives possibles de ce qu’est la réalité.
L’idéal est d’avoir des objets aux proportions réalistes et aux couleurs contrastées pour les enfants qui ont un reste visuel. À défaut de miniatures en plastique, des peluches peuvent convenir.
On amène l’enfant progressivement à une meilleure compréhension du monde qui l’entoure en passant ainsi de la 3D (objets à manipuler) à la 2D (la représentation en relief dans le livre).
Avec des enfants ayant un reste visuel, on peut faire la même chose. Dans cet album, les Pop-up permettent d’aborder ce passage de la 2D au 3D. 

  • Inviter l’enfant à découvrir sensoriellement un arbre : faire le tour du tronc avec ses bras, sentir l’odeur de la sève, s’adosser au tronc, toucher l’écorce, les branches, les racines… Si ses capacités physiques le permettent, pourquoi ne pas proposer à l’enfant de grimper dans l’arbre ! 
  • Ramasser des pommes de pin et les découvrir sensoriellement.
  • Partir faire se balader dans la rue à la recherche des éléments présents dans le livre : trouver un mur très haut, un mur très long, et un mur qui rencontre un autre mur. Trouver un portail et une palissade.
  • Grimper sur une échelle…