La maison d’édition Les Doigts Qui Rêvent met librement à votre disposition pour chaque nouvel album tactile paru des pistes de médiation à réaliser. Il y a des pistes de médiation pour sensibiliser le grand public au handicap mais aussi des pistes de médiation accessibles à proposer à des enfants en situation de handicap. Par exemple pour l’adaptation tactile illustrée de “Où est Spot, mon petit chien?” sur la fiche du titre, vous cliquerez sur l’onglet “médiation”.
D’autres ressources, notamment des témoignages de professionnels, vous sont proposées ci-dessous. Nous l’alimentons constamment à partir de vos retours.
Raconter l’album Papa poule avec un tableau de communication alternative et améliorée
Témoignage de l’association ISAAC Francophone
Certaines personnes, enfants ou adultes, ont des difficultés à s’exprimer avec le langage oral ou comprendre les autres. La parole n’est cependant pas le seul moyen de communication. La communication alternative et améliorée (CAA) permet à chacun de mieux s’exprimer et de mieux comprendre à travers d’autres modes de communication. Elle remplace ou soutient le langage oral à l’aide d’images et pictogrammes, de signes et de gestes issus de la langue des signes et d’applications avec synthèse vocale…
Elle contribue ainsi à l’épanouissement personnel, à l’autodétermination et à la participation sociale et des personnes en situation de handicap de communication.
Le tableau de communication de l’album tactile Papa Poule avec ses 72 mots et pictogrammes permet :
- de raconter l’histoire de Papa Poule,
- de parler du livre avec le lecteur et le public, notamment des illustrations tactiles,
- à l’enfant d’interagir avec la personne qui raconte l’histoire : commenter, poser des questions, parler de ses besoins éventuels pendant le récit…
Téléchargez-le, essayez-le et dites en pointant les pictogrammes :
- La poule veut pondre son œuf
- L’ours a faim, il veut manger
- Tu veux boire une tasse de thé ?
- J’aime toucher l’ours
- Le poussin dit « maman »
La conception et coordination de la réalisation de ce tableau ont été réalisées, en accord avec les auteurs et l’éditeur de l’album d’origine, en partenariat avec Isaac francophone (Marie-Luz Ceva, Stéphane Jullien, Sabrina Peyrille), l’équipe des Bibliothèques d’Amiens Métropole (Amandine Lhermite, Sandra Perny, Estelle Darras et Edelinde Foinant) et les éditions LDQR.
Une première séance d’animation a eu lieu en présence des enfants à la Bibliothèque de Camon (Réseau Bibliothèques d’Amiens Métropole) en octobre 2022. Les photos ci-dessous ont été prises ce jour-là.
Ceci est un exemple de tableau de communication, vous pouvez vous en inspirer et construire d’autres tableaux de communication, en fonction de vos objectifs de lecture.
Aborder les notions temporelles, topologiques et spatiales, équilibre, pré lecture avec l’album tactile Où es-tu, Lune ?
Témoignage de Marjolaine Baillet, psychomotricienne à l’Institut National des Jeunes Aveugles (Paris)
- Pouvoir fabriquer des cubes ou pièces à empiler sur lesquelles on retrouverait les matières utilisées dans le livre. Trouver des pièces qui conserveraient pour girafe une longueur supplémentaire et éventuellement triangle pour loup (à réfléchir car forme difficile à empiler). Ex. cubes en carton en provenance de boites de jeu. Travailler les notions d’empilement, adresse motrice, jouer à construire en respectant l’ordre du livre ou selon une autre consigne. Faire le lien entre la représentation 2D du livre et celle en 3D
- Pour les plus grands, sur des cubes plus petits en bois (2,5 cm par 2,5 cm) coller les matières du livre. Toujours travailler les notions d’empilement avec des pièces plus petites ; éventuellement rajouter en braille le nom de l’animal sur une des faces ;
- Avec les matières, pouvoir créer des cartes de jeu à utiliser pour raconter une autre histoire,
- Faire des fiches avec des représentations des 5 cubes dans l’espace, soit empilés, soit à plat ou autre (3 en bas à plat, 2 empilés, ou 3 proches et 2 plus loin etc) pour travailler les notions topologiques dessus dessous, droite gauche, en lecture tactile
- Inverser les rôles en demandant à l’enfant de décrire la construction à un autre qui ne voit pas, etc
Pour les pré braillistes :
- Créer des étiquettes à manipuler avec le nom des animaux en braille
- Trouver les figurines représentant les animaux en miniatures
- Associer les étiquettes aux animaux figurines, et ou aux cubes (éventuellement plateau activité autonome pour le jardin d’enfant Montessori)
- Pouvoir restituer (trace dans le cahier), un morceau de chaque texture animale et son nom en braille
- Créer une fiche en braille avec l’ordre des animaux à empiler
En psychomotricité :
- Travailler sur les notions d’empilement, succession, équilibre
- Si plusieurs enfants, essayer une pyramide humaine,
- Notion d’escalader pour pouvoir arriver à attraper ou voir quelque chose plus haut (une marche, une chaise, un escalier, une échelle)
Crédits photo : Marjolaine Baillet, INJA Paris
Utilisation d’un livre tactile comme médiateur en psychomotricité
Témoignage de Marjolaine Baillet, psychomotricienne à l’Institut National des Jeunes Aveugles (Paris)
En route pour « La chasse à l’ours »
Décembre 2019. “Dans mon sac de psychomotricienne, travaillant dans un service de soin à domicile pour enfant déficient visuel de 0 à 6 ans, il y a toujours un livre, souvent tactile. Il permet, un moment de la séance, de s’asseoir, autour de l’objet livre, de partager une histoire, éventuellement de travailler les domaines de la motricité fine, de l’exploration tactile, des coordinations bimanuelles, mais aussi un travail autour des représentations, des notions temporelles et spatiales. Pour certains enfants, c’est un moment de plaisir, rassurant, un domaine familier. Pour d’autres au contraire, peu habitués à écouter des histoires, à explorer un livre, cela peut s’avérer plus compliqué. En tous les cas, l’objet livre est utilisé comme un médiateur, contribuant à développer certaines compétences psychomotrices de l’enfant.
La parution de l’album tactile de « La chasse à l’ours » chez LDQR a ouvert d’autres possibles. Avec ce livre, classique de littérature jeunesse, on aborde de multiples notions : de déplacements variés, de succession, de trajet aller et retour; on joue sur des émotions comme la peur, la sécurité, le fait de pouvoir être rassuré… J’ai notamment pu utiliser cet album avec un petit garçon âgé de 4 (appelons le M) malvoyant profond, sur plusieurs séances. M aime beaucoup les livres, les histoires. C’est un domaine qui lui est familier et qui le motive à utiliser ses mains, ses doigts pour des activités fines, des explorations. Ce n’est pas le cas pour d’autres activités de manipulations ou de la vie quotidienne qui peuvent rapidement le mettre en difficulté.
Le temps de présentation de l’album
Nous avons donc commencé par une présentation de l’album. M touche le braille et reconnais quelques lettres en gros caractère noir. La symbolisation des personnages permet de rentrer rapidement dans le récit et très vite M prend plaisir à manipuler les tubes personnages, à s’attribuer des rôles.
Mettre en rythme
Dès le début du récit, j’ai introduit une chanson sur la partie répétitive du livre, « on part à la chasse à l’ours, on va en prendre un très gros, la vie est belle on a peur de rien » tout en frappant sur ses cuisses, dans ses mains, ou d’autres parties du corps. L’enfant prenait plaisir à retrouver ce refrain, dynamisant, mais aussi se prêtait volontiers à des jeux de rythmes, jusque à varier les cadences en déplacements ou la lourdeur du pas.
Associer des expériences corporelles
Lire l’histoire n’était pas tout, je voulais m’assurer de sa compréhension. Il est vrai que pour les jeunes enfants, les récits en randonnée présentent l’avantage de retrouver des évènements récurrents, rassurant les enfants et facilitant aussi la compréhension. Je voulais savoir si M faisait le lien entre les situations qu’il pouvait avoir vécu , et les évènements présentés dans le livre, si il pouvait associer une expérience sensori motrice aux situations présentées dans le livre.
Nous avons aussi pu profiter de quelques évènements climatiques pour aller patouiller dans la boue, et nous avons eu la chance d’avoir des chutes de neige pour écouter le bruit des pas quand on se déplace. L’idéal aurait été d’aller en forêt, dans des champs et de partir explorer une grotte mais le cadre de la séance a ses limites.
Proposer une entrée auditive
Un autre temps a pu être consacré à l’écoute des sons en lien avec le récit et à les associer aux expériences ; à les mettre en lien aussi avec des expériences vécues. Nous avons aussi pu entendre juste l’histoire contée sur enregistrement.
Représenter le récit
Est ensuite venu le temps de construire un « parcours moteur », qui nous permettrait de faire semblant de partir à la chasse à l’ours. Le matériel à disposition : des matelas, tapis, tables chaises, couvertures demandaient un peu d’imagination. L’idée était de symboliser chaque espace, en essayant d’y trouver une propriété similaire à l’élément réel (serviette humide pour la rivière, matelas un peu mou en simili cuir collant pour la boue, rouleaux à la verticale pour symboliser la forêt……). Cela a demandé de mettre en œuvre une organisation spatiale du récit, mais aussi à M de s’engager corporellement pour déplacer le matériel de façon adaptée, en fonction d’un but précis (et donc de s’organiser corporellement pour faire glisser, porter, pousser, tirer, ou coopérer en se déplaçant en arrière, sur le côté….. mais aussi repérer la place du matériel pour participer au rangement en fonction de ses capacités)
Nous avons donc pu :
- Travailler les conduites motrices de base (ramper, sauter, courir, quatre pattes), imaginer comment mettre en œuvre son corps pour faire semblant de nager,
- Verbaliser comment traverser les herbes folles en étant obligé de lever les jambes pour ne pas trébucher, se rééquilibrer sans cesse pour ne pas tomber en traversant le matelas boue, slalomer autour des arbres rouleau sans les faire tomber,
- Varier les cadences entre le voyage aller ou nous faisons semblant de partir conquérants et le retour empressé où nous jouons à être effrayé ( et finalement aussi verbaliser autour de ce qui peut faire peur, ce qui est rassurant ).
Travailler sur les sensations
Nous avons pu imaginer un parcours sensoriel pieds nus, pour enrichir encore les expériences sensorielles et podotactiles. M motivé par le thème « chasse à l’ours »a pu s’engager avec plaisir dans l’activité, affronter ses réticence en effleurant seulement les matières piquantes désagréables, travaillant en même temps sur la prise d’appui unipodal et les stratégies de rééquilibration. Nous avons pu mettre en lien le toucher manuel et pédestre pour favoriser aussi le lien haut bas du corps.
Faire une maquette
Pour finir, nous sommes passés par la miniaturisation de notre parcours de Chasse à l ours, en utilisant du matériel miniature, pour varier les supports et représenter les notions de succession, ré évoquer le vécu.
Partager, inclure
Une fois M à l’aise avec les différents supports, nous avons invité d’autres enfants de la classe lors de notre séance pour que ce travail soit aussi vecteur de socialisation, de partage autour d’un patrimoine commun.
Cela a permis à M d être en situation de transmettre et d’apporter son savoir. Ces moments sont aussi vecteurs d’échanges sur les besoins spécifiques de M liés à la déficience visuelle.
Voilà quelques idées d’exploitations possibles autour d’un album tactile. De nombreuses pistes sont disponibles sur la toile, cet album étant largement exploité en maternelles. Avec d’autres enfants, l’exploitation a été différente, souvent moins poussée. Pour M, partir et revenir à l’album a été véritablement porteur, il a accepté de tenter des expériences nouvelles, tout en étant rassuré par un fil conducteur motivant. M grandissant, il n’est pas exclu que l’on puisse y revenir pour travailler d’autres domaines, autour du pré braille, du modelage, ou d’autres activités de motricité fines ou globales.”
Activités sensorielles
Une vidéo de vulgarisation scientifique, publiée par la chaîne de la revue Anae, aborde le thème des activités sensorielles à faire à la maison. LDQR a collaboré à la création de cette vidéo avec Dannyelle Valente, maître de conférences, qui y explique comment ces activités explorent, d’une façon créative et ludique, des expériences sensorielles autres que la vision.
Voici quelques idées d’activités sensorielles et accessibles, inspirées des ateliers et animations que nous réalisons avec des enfants partout en France.
Pour les petits
La chasse aux textures
Avec l’enfant, touchez un objet et commentez votre sensation (par exemple pour un pull en laine “c’est doux” , pour une table “ c’est dur”, pour le dos d’une éponge “ça gratte”, etc.). Puis, proposez à l’enfant de trouver d’autres objets qui ont la même texture au toucher.
Le memory des matières
Choisissez quelques matières bien distinctes (par exemple : papier aluminium, plastique, tissu doux, tissus rêches, carton, mousse, etc.). Coupez deux morceaux de chaque matière. Mélangez, disposez les morceaux sur une table, l’enfant doit alors former des paires.
Cette activité peut aussi être réalisée avec des moyens ou grands enfants, en cachant les bouts de matières dans une boîte, ou en se bandant les yeux.
Pour les moyens
Le dessin magique contrasté
Pour réaliser un dessin contrasté, il faut utiliser de l’encre de stylo plume pour recouvrir entièrement une feuille de papier blanc épais. Laissez sécher quelques heures. En utilisant un effaceur, votre enfant peut maintenant dessiner sur la feuille encrée : les traits apparaîtront comme par magie !
Activité de motricité et de comptage
Munissez-vous d’une petite boîte en plastique et placez à l’intérieur 8 pinces à linge (petites ou moyennes). Les yeux bandés, l’enfant doit épingler toutes les pinces sur le bord de la boîte !
Pour les grands
Des devinettes en braille noir, à décoder
Munissez-vous d’un alphabet braille et d’un crayon. Chacun choisit une devinette, en faisant au besoin une recherche sur internet. Chacun traduit et inscrit en braille sa devinette sur un morceau de papier. Échangez les morceaux de papier. Pour tenter de répondre à la devinette, il faudra d’abord la décoder.
Réaliser un gaufrage
Dans du carton gris ou dans une nappe cirée épaisse, découpez une forme simple (par exemple : un cœur, une étoile, une lune…). Déposez cette forme sur un plan de travail. Trempez une feuille de papier épais dans un récipient d’eau. Déposez la feuille mouillée sur la forme découpée. Appuyez avec vos doigts partout sur la feuille, jusqu’à ce que la forme apparaisse. Avec un stylet, un critérium sans mine ou un stylo bouché, faites le contour de la forme en pressant fermement, mais sans déchirer le papier. Laissez sécher, c’est prêt !
Libre à vous de poster des images de vos activités sur les réseaux sociaux en mentionnant @lesdoigtsquirêvent !